mercredi 17 décembre 2008

LE CHOC DES RÉALITÉS

Un changement qui bouleverse un confort établi est toujours déstabilisant. C'est ce que vivent présentement le Journal de Montréal et ses employés.

Ici, on fait face à plusieurs réalités qui s'entrechoquent. Tout le monde a raison mais il faut trancher quelque part. On fait alors dans la minimisation d'impacts dans ce qui ne plaira plus à personne. Aucune des deux parties n'y trouvera vraiment son compte, à moins de couper la poire en deux parties inégales. Chacun fait valoir le bienfondé de sa requête : conserver ses acquis. Les employés veulent garder l'ancienneté, l'assurance d'un gagne-pain, les avantages qui l'accompagnent. La partie patronale veut cesser de voir son profit diminuer. On ne peut s'attendre à autre chose et les intervenants jouent leurs rôles respectifs.

Dans ce cas, la réalité qui frappe le Journal de Montréal est l'exode des lecteurs du papier vers l'écran. Il est natruel d'en déduire qu'une baisse d'achalandage modifie les avantages qu'ont les commanditaires à y annoncer. Un chiffre affichant un tirage qui baisse incite les acheteurs de publicité à orienter leur investissement vers les médias émergeants.

Je suis coupable de contribuer à leur malheur et je m'en excuse. Je suis jeune (42 ans, bientôt 43) et la question des arbres me préoccupe comme c'est le cas de mes co-X et autres Y. Pourquoi investirai-je dans la polluante production de papier, de désencrage et d'encrage, de gestion de déchets et autres inutilités qu'engendre la production du journal en format papier. De plus, l'argent que je ne donne pas pour l'acheter est très bien réinvesti dans l'estomac de mes enfants. Le cyberjournal ne me coûte [directement] pas un sou! Et ne coupe aucun arbre. Et ne me pousse pas à descendre le maudit bac de recyclage à moins trente le matin. Bref, je m'excuse auprès du camelot et lui souhaite, à lui aussi, une bonne récupération (professionnelle). Quant à être pro-trois-R.

La réalité qui assomme les employés du Journal est de voir une vie stable, sécurisante, être mise sens dessus dessous par ces bouleversements. Certains peuvent perdre leur emploi et voir leur vie de famille bousculée. Pour ceux-ci, la sécurité financière est l'inquiétude la plus évidente. D'autres voient leur carrière compromise, leur cheminement professionnel détourné, leur art prendre fin. Puis, enfin, il y a la majorité silencieuse dont vous ne lirez pas les déboires sur ces blogues : les rescapés adaptables, ceux qui auront négocié le virage sans heurt. Un exemple parmi tant d'autres, les journalistes devenus blogueurs.

En cette période des Fêtes, mon coeur de fleur bleue (oui oui, ça se peut, un homme fleur bleue), souhaite à toutes les parties de ce malheur de recouvrer le bonheur et de ne pas s'entre-jeter le blâme d'une situation qui vient de l'évolution de la vie.

Jean-François Néron

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